Entre 1839 et 1847, découvrant avec enthousiasme une musique tzigane qu’il considérait comme une expression du génie hongrois, Liszt entreprit de composer une série de pièces pour piano à laquelle il donna le titre de Magyar Dallok – Ungarische Nationalmelodien, pièces constituant le noyau musical autour duquel s'élaborèrent ensuite les Rhapsodies hongroises. La première Rhapsodie à proprement parler vit le jour en 1846 et le reste en 1847, la publication officielle survenant au début des années 1850. Cette première mouture contenait quinze rhapsodies, deux autres naissant en 1882 et les deux dernières en 1885. Certes, Liszt ne disposait pas de l’arsenal scientifique d'une « ethnomusicologie » encore inconnue à son époque, mais il ouvrait un chemin que Béla Bartók emprunta à son tour un demi-siècle plus tard, avec le génie que l’on sait.
Viscéralement attaché à ces partitions dont il est l’un des grands interprètes, Denis Pascal tourne résolument le dos à tout folklore littéral : tout en préservant la vigueur rythmique ou même les rugosités de ces rhapsodies, il rappelle magistralement qu’elles sont des paysages aussi poétiques que rêvés, soignant la construction et les couleurs du piano lisztien.